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La Rochelle & sa région, terre de vignerons

Vignes - Fiefs vendéens
Medhi media

À La Rochelle et dans sa région, la tradition viticole remonte au moins au Moyen Âge. Depuis quelques années, la production de vin retrouve des couleurs : les raisins ne sont plus seulement destinés à la distillation et à la fabrication du cognac. À quelques kilomètres de la cité maritime, sur les îles ou dans l’intérieur des terres, des domaines prometteurs attendent les curieux et les amateurs de vins originaux, déployant une intéressante offre œnotouristique.

Réputés dans toute l’Europe

La demande est forte et le vignoble gagne du terrain vers l’intérieur des terres, notamment sur la rive gauche de la Charente, au sud de Cognac. Vers la fin du Moyen-Âge, La Rochelle constitue le principal port exportateur de vin de la façade atlantique… C’est à peu près à cette époque que le cépage colombard fait son apparition dans les vignes. Par la suite, les Hollandais reprennent à leur compte le commerce du vin vers l’Europe du Nord. Les vins blancs charentais sont alors réputés dans toute l’Europe, y compris à la cour de France. Mais la surproduction va frapper la région, précipitant l’apparition de la distillation et la naissance du cognac, qui vieillit mieux et voyage plus loin. Dès lors, les vins charentais vont connaître une longue période de déclin. Avant de renaître au cours du XXe siècle.

© Experience Sur Mesure - Vins charentais
Experience Sur Mesure

Les vignobles charentais

Le saviez-vous ? Avec près de 80 000 hectares de vignes, le vignoble charentais est l’un des plus importants de France. Si la plupart des pieds servent à fabriquer du cognac (et du pineau), la production de vin est en hausse. L’IGP vins charentais, qui recouvre la majeure partie de la Charente-Maritime et de la Charente, concerne près de 600 vignerons. Dans l’appellation, on compte 90 caves particulières, 3 coopératives et 10 négociants qui se partagent 1 500 hectares de vignoble. Chaque année, de 70 000 et 80 000 hectolitres sont produits et de 10 à 12 millions de bouteilles sont mises sur le marché, ce qui est loin d’être négligeable.

Situé entre Loire et Bordelais, le vignoble charentais est un territoire de liberté qui conjugue le meilleur des deux aires. Le climat océanique tempéré et le fort taux d’ensoleillement offrent des conditions favorables à la culture de la vigne. Les sols sont de type argilo-calcaires, avec un côté plus sablonneux sur le littoral et les îles. Difficile de donner un profil type aux vins tant les terroirs sont différents, mais ils font en général preuve d’une certaine fraîcheur, avec pas mal de fruit. Un vrai atout à l’heure du réchauffement climatique.

Signe des temps, une Maison des Vins IGP Charentais devrait voir le jour en 2023 à… Cognac. Le cépage ugni-blanc, omniprésent dans l’élaboration du cognac, va également être banni de l’IGP vins charentais, histoire d’éviter le mélange des genres. À l’inverse, les vignerons s’autorisent aussi à vinifier des cépages exogènes, comme le pinot noir bourguignon par exemple.

L’offre œnotouristique, encore relativement limitée en dehors des îles, est en cours de développement. En parallèle, les domaines sont de plus en plus nombreux à jouir de certifications environnementales comme celui de François Jobit. De son côté, Jonathan Guillon a fait le pari de produire des vins charentais de qualité sur la presqu’île d’Arvert. En Sud Charente, Le Petit Cousinaud profite de sols limono-sableux pour produire des crus originaux, notamment un rosé que les bons restaurants s’arrachent. Bref, l’IGP a de l’avenir !

Œnotourisme à l’île de Ré

Nul besoin d’aller bien loin de La Rochelle pour trouver les premières vignes. De l’autre côté du pont de l’île de Ré, elles apparaissent rapidement dans le paysage, profitant de la douceur du microclimat local. Les premiers vignobles ont été plantés par les moines de l’abbaye des Châteliers, qui produisaient déjà du vin au XIIIe siècle. Cette activité a perduré depuis, connaissant des hauts et des bas. À partir de 1951, la cave coopérative des Vignerons de l’île de Ré, installée au Bois-Plage-en-Ré, devient l’acteur incontournable de la viticulture rhétaise et un symbole de sa renaissance. Aujourd’hui, elle gère un vignoble de 600 hectares, planté principalement sur des sols calcaires et sableux. Presque tous les viticulteurs de l’île – une soixantaine – travaillent avec la cave coopérative. Sa particularité est d’être « jumelée » à une coopérative maraîchère, qui produit la fameuse pomme de terre de l’île de Ré AOP.

Randonnée VTT dans les vignes
Sébastien LAVAL - Charentes Tourisme

La visite de la cave permet de découvrir des chais modernes et de déguster tous les vins produits ici : des blancs secs et fruités, des rosés charmeurs et des rouges légers, avec une gamme complète en bio. Dégustations, apéritifs gourmands accompagnés de produits locaux, balades dans les vignes à vélo ou à cheval permettront aux visiteurs de passer un bon moment et d’en apprendre davantage sur les vins rhétais. Ils profiteront aussi de paysages viticoles séduisants, avec la mer en toile de fond.

Escale à Oléron, île viticole

À quelques encablures de La Rochelle, l’île d’Oléron est l’autre île charentaise productrice de vin. Labellisé « Vignobles et découvertes », son vignoble insulaire couvre à peu près 800 hectares. Disons-le franchement : ici la vedette, c’est le blanc ! Même si les vins des autres couleurs se révèlent tout aussi intéressants. Les cépages sauvignon et colombard sont les plus présents, apportant fraîcheur et notes de fruits ou d’agrumes. Les vins blancs oléronais accompagnent à merveille les huîtres de l’AOC Marennes-Oléron, mais pas uniquement ! Outre la cave coopérative, on peut citer les vignobles Favre & Fils ou Coulon, qui depuis quelques années collectionnent les récompenses dans les concours. La plupart des domaines de l’île sont ouverts aux visites, proposant d’intéressantes activités.

Escapade en Vendée, vignoble de la « Loire méridionale »

À moins d’1h de route de La Rochelle, le vignoble vendéen mérite lui aussi d’être découvert. Comme dans les Charentes, les premières vignes y ont été plantées dès la période gallo-romaine. Et là encore, ce sont les moines et les abbayes qui ont relancé sa culture durant le Moyen Âge. Richelieu, évêque de Luçon, a également fait beaucoup pour son développement et la popularisation de ses vins.

Groupe vignerons fiefs vendéens
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Existant depuis 1965, l’appellation Fiefs Vendéens est reconnue en AOC depuis 2011. Elle se compose de 5 terroirs (ou fiefs) : Vix, Pissotte, Mareuil, Chantonnay et Brem. Grâce à la présence de sols très différents et de climats plus ou moins marqués, les terroirs se révèlent riches et variés. Vix, situé sur un îlot calcaire aux portes du Marais Poitevin, produit de grands vins rouges, puissants, généreux et élégants. Proche du joli village de Vouvant, Pissotte est marqué par son sol argilo-siliceux. À Mareuil, les rouges et rosés sont reconnus pour leur caractère. À Brem, à côté de l’océan Atlantique, on produit des blancs secs ainsi que des rosés ou rouges charmeurs. L’influence maritime est patente, avec une minéralité et une salinité prégnante. À Chantonnay, on se trouve carrément sur une faille carbonifère : les blancs sont tendus et généreux, les rouges puissants et complexes.

Chaque vigneron imprime toutefois sa marque. On en compte 15 sur l’appellation Fiefs Vendéens, qui cultivent environ 420 hectares de vignes. Petite originalité, ils produisent près de 40 % de rosé. Sur le plan environnemental, le vignoble est déjà très avancé, avec un fort taux de certification (HVE, bio ou Demeter).

Les vins blancs sont vinifiés en majorité avec les cépages chenin et chardonnay. Leur robe est chatoyante et leur nez riche, minéral ou floral, avec des notes salines ou iodées et une finale légèrement grasse (notamment pour les chardonnays). Les vins rouges et rosés sont vinifiés avec du pinot noir, du gamay, du cabernet franc, du cabernet sauvignon et de la négrette. Ces rouges font preuve d’une belle finesse, avec des tannins soyeux et souples, et une finale croquante. Quant aux rosés, leur bouche est vive et légère, parfois charnue. Des compagnons parfaits pour l’été !

Il existe une Route des vins qui sillonne les 5 Fiefs vendéens à la rencontre des 15 producteurs présents dans l’AOC. L’occasion de profiter de nombreuses activités œnotouristiques comme des dégustations, des visites de chais et de caves, des balades dans les vignobles, etc. Citons par exemple les Vignobles Mourat, où l’offre œnotouristique est large et ludique, à l’image de leur bistrot estival avec food truck. Chez Mercier, les visites privées à thème sont aussi passionnantes que pointues. De son côté, le château de Rosnay organise de gourmands marchés de producteurs. Autant d’exemples de la vitalité de l’AOC Fiefs Vendéens.

Auteur : ©Jean Tiffon